La polygamie en France
Et si votre voisine de palier était mariée à un polygame ?
Cela vous paraît impossible et pourtant…
En 2010, Lies Hebbadj un habitant de Nantes, boucher de son état, défraie la chronique pour ses pratiques polygames supposées. Tout est parti de l’interpellation de l’une de ses » compagnes » arrêtée pour port du voile intégral au volant de son auto. Il y a enquête et voilà Lies Hebbadj déféré devant le parquet de Nantes pour soupçons de polygamie et de fraude aux prestations sociales : ce qu’on reproche au boucher est de vivre maritalement avec quatre femmes et douze enfants et d’empocher les allocations familiales de la tribu. Mais Lies Hebbadj explique devant la cour que les maîtresses ne sont pas interdites en France et qu’il peut attester qu’il n’est pas marié civilement avec plus d’une femme… Ce cas d’école est en fait plus fréquent qu’on le dit.
Des autorités vigilantes mais…
Dès 2009 Sonia Imloul, rédige un rapport (*), qui, faisant témoigner quelques élus de la région parisienne, fait état d’effarantes conditions de vie des femmes vivant en polygamie, souvent victimes de mariages forcés ou arrangés, déracinées, isolées, enfermées dans des appartements trop petits à plusieurs co-épouses et avec jusqu’à 40 enfants sous le même toit !
Sonia Imloul rapporte, les conséquences connues : enfants traînant dans les rues, conflits à l’intérieur du foyer qui débordent sur le voisinage et qui font que ces familles se font encore davantage montrer du doigt. L’auteure cite cet enfant, interrogé par un magistrat sur le prénom de sa mère et qui répond : » laquelle ? » Et Sonia Imloul de pointer du doigt les carences du système français, mal préparé à faire face à ces situations de polygamie. Soit. Pour autant, au Ministère des droits de la femme on se déclare concerné et engagé dans une politique active contre les violences faites aux femmes, et on se plait à répéter que Najat Vallaud-Belkacem l’a déclaré à plusieurs reprises, la polygamie est une violence faite aux femmes. Dont acte.
(*) La polygamie en France, une fatalité ? À retrouver sur le site de l’Institut Montaigne, www.institutmontaigne.org
En France, sur 65 millions d’habitants, 200 000 personnes vivraient sous le régime polygame, c’est peu, mais ça signifie au moins 150 000 femmes et enfants en souffrance. C’est trop.
La polygamie et l'histoire
Depuis quand ?
Une majorité des sociétés humaines des temps anciens ont permis ou toléré le mariage polygame (selon les avis, à hauteur de 60 à 80% d’entre elles). À l’évidence pour des raisons qui sautent aux yeux : les sociétés primitives sont rurales, avec des besoins de bras, et, ou de soldats. L’espérance de vie est réduite et la mortalité infantile dramatique, allant de paire avec la mortalité des mères en couche. Comme la notion de tribus ou de clans est très forte en ces temps anciens, il n’est pas rare, que le mari épouse, la sœur de sa femme, décédée ou de son vivant, une veuve esseulée, etc, pour asseoir l’autorité d’une grande famille aux nombreux enfants. Mais ces pratiques archaïques ont été rapidement remplacées par la monogamie en Europe. Les grandes civilisations qui ont construit ce continent sont de tradition monogame : en Grèce, à Rome, et même dans l’Égypte des pharaons, la société est exclusivement monogame. Puis, l’église chrétienne va rendre mariage monogame, virginité avant celui-ci, et fidélité entre époux, la norme absolue. En occident -en France- la polygamie est donc vue d’un très mauvais œil, au point que de nombreux états la considèrent comme un délit.
Et aujourd’hui ?
De nos jours, la tradition polygame est volontiers attribuée à une coutume venue de l’Islam. Cette carte « actualisée » (celle du site WIKIPEDIA) semble en effet démontrer que les pays dont la religion officielle est l’islam sont ceux qui tolèrent ou autorisent le plus volontiers la polygamie. Idem pour les pays africains et asiatiques, ceux de tradition islamique autorisent les mariages pluriels. Au Sénégal, par exemple, ce sont les musulmans qui sont polygames pendant que les chrétiens affichent leur monogamie. Mais pour être tout à fait objectif, il ne faut pas oublier de rappeler que les grandes civilisations du Moyen-Orient (Babylone, Perse) n’étaient pas les ennemis de la polygamie, sans parler de la tradition des harems, et cela bien avant l’islamisation de cette région du monde. L’Islam a donc bon dos et n’a peut-être en fin de compte qu’ « officialisé » ce qui était déjà coutumier. Et d’autres pays d’Extrême-Orient, notamment la Chine, tout au long de son histoire, use et abuse des concubines (et qu’est-ce qu’une concubine sinon une coépouse), dans les cours royales ou princières, même si la pratique de la polygamie semble bien moins répandue dans les couches modestes de la société (idem pour le Japon, la Corée, etc). L’Islam n’est donc pas la seule cause à la polygamie, d’autant que si pour cette religion la pratique est licite, c’est à certaines conditions et avec un maximum de quatre épouses simultanément…
Lutter contre la polygamie
Cette association sans but lucratif est apolitique.
Son premier objet est d’informer et de protéger les femmes victimes de mariages polygames subis par tous les moyens légaux à disposition. Informer, car trop de femmes subissent ces unions plurielles comme une fatalité, une obligation, et ne savent pas assez qu’une autre forme de vie maritale est possible. Cela est vrai en Afrique noire, bien sûr, mais aussi en France, ou les femmes sont souvent jetées dans des unions polygames forcées, contractées « au pays » et subies en France. La victime se retrouve alors plus ou moins isolée, voire enfermée dans un appartement, dont elle ne sort pas ou peu, ne parle pas le français et ne sait pas trop comment faire face à sa situation. En lien avec les pouvoirs publics et d’autres associations, EFAPO se propose alors d’informer ces victimes potentielles des droits qu’elles ont et des possibilités qui s’offrent à elles pour sortir de l’engrenage subi.
Le second but de l’association est de faire connaître, d’alerter, de mobiliser. En France, les pouvoirs publics, le grand public et les médias minimisent au mieux ou ignorent au pire, les faits de polygamie subies et ou forcés sur le territoire français. Il faut des « affaires » comme celle qui a défrayé la chronique en autour du boucher de pour qu’il soit reconnu et admis que des unions polygames de fait existent au pays des droits de l’homme… mais pas des droits de la femme ! Car rappelons-le, devoir vivre, sous le même toit, souvent dans des conditions de promiscuité désastreuses, avec les autres femmes et les autres enfants de son mari n’est JAMAIS voulu ! Derrière ces « coutumes » il y a la souffrance d’être humains impuissants, démunis, et hélas, trop souvent résignés.
Enfin EFAPO c’est un lieu dématérialisé qui grâce à sa hot line et à ce site permet à celles et ceux qui veulent de l’aide d’être assistés en toute légalité et en toute sécurité.
Et à ceux et celles qui veulent aider à changer le monde (!) à venir nous rejoindre.